Le tableau de financement peut être défini
comme un tableau qui « met en évidence
l’évolution de la structure financière de l’entreprise au cours de l’exercice
en décrivant les ressources dont elle a disposé et les emplois qu’elle en a effectué.
D’un côté, l’objectif
poursuivi par un tableau de financement est de montrer comment les nouvelles
ressources financières dégagées par une entreprise au cours d’un exercice ont
permis de financer ses nouveaux emplois.
Et de l’autre côté, il
présente pour les analystes financiers un certain nombre d’intérêts Ã
savoir :
· Il renseigne sur les politiques d’investissement, de désinvestissement, de
remboursement, d’autofinancement et de financement externe (emprunt ou
augmentation du capital social) de l’entreprise.
· Il constitue un précieux instrument d’élaboration du plan
d’investissement, et de financement qui caractérise à moyen et long terme de
l’entreprise.
· Dans le cadre toujours de la gestion prévisionnelle, le tableau de financement
est un outil efficace de contrôle de l’exécution du plan d’investissement et de
financement. Ce contrôle consiste à comparer les réalisations aux prévisions et
à analyser les écarts éventuels qui apparaissent afin de redéfinir les
conditions de l’équilibre financier prévisionnel et mettre à jour le plan
d’investissement et de financement.
Dans cette première
partie, on va présenter les éléments constitutifs de ce tableau ainsi ses
apports et ses limites.
Le tableau de financement du Plan Comptable Marocain
de 1992, comporte de deux parties, La première représente une synthèse des masses du bilan indispensable Ã
l’analyse de la structure financière de l’entreprise. La deuxième intitulée «
Emplois et Ressources » s’intéressent à l’analyse spécifique de la variation du
FR.
Le tableau de la
« synthèse des masses du bilan » est un tableau succinct établi pour
deux exercices (N et N-1) et dont les données sont tirées directement des
rubriques du bilan et qui permet de calculer, sans les analyser, pour chacun
des deux exercices.
ü Le fonds de roulement fonctionnel (FRF) et ce, par différence entre les masses
de financement permanent et d’actif immobilisé. La variation du FRF étant
obtenue par différence entre les données des exercices N et N-1 et peut être
expliquée par l’analyse des flux de ressources et d’emplois dont fait état la
deuxième partie du tableau de financement.
ü Le besoin de financement global et ce par différence entre les
masse de l’actif et du passif circulant (hors trésorerie). La variation du BFG
étant obtenu par différence entre les données des exercices N et
N-1 et ne peut être expliqué que par l’analyse, en dehors du tableau
de financement, des variations des postes des bilans d’ouverture et de clôture.
ü La trésorerie nette et ce par différence entre la TA et la TP ou
encore par la différence entre FRF et le BFG.
Le tableau de synthèse des
masses du bilan se base sur la relation fondamentale d’équilibre financier
formulée de la façon suivante :
Δ FRF = Δ BFR + Δ TN
Cette relation signifie
que la situation du cycle de trésorerie dans l’entreprise est conséquence des
situations des cycles d’investissement et des opérations courantes ; en
d’autres termes, la variation de la trésorerie dépend des variations du FRF et du BFR.
Outre, pour élaborer le tableau de synthèse des masses du bilan, il est
intéressant de préciser que :
- Les augmentations d’éléments de l’actif, du BFR et
de la TN ainsi que les réductions d’éléments du passif et du FRF correspondent
à des emplois à financer ;
- Les augmentations d’éléments du passif, du FRF ainsi
que les réductions d’éléments de l’actif, du BFR et de la TN constituent des
ressources de financement.
Masses |
Exercice a
|
Exercice b
|
Variation (a-b)
|
|
Emplois
|
Ressources
|
|||
1 Financement permanent
(-) Actif immobilisé
2
|
||||
3=Fond de roulement fonctionnel (1-2) (A)
|
||||
4 Actif circulant
(-)Passif circulant
5
|
||||
6 Besoin de financement global (4-5) (B
|
||||
7 Trésorerie nette (actif – Passif) = (A-B)
|
Toutefois, il est utile de
procéder à certain reclassement qui élimine l’impact des mouvements qui ne
constituent pas des flux. Il s’agit :
· Les écarts de conversion actifs ou passifs qui représentent une différence
de change potentielle, autrement dit des plus ou moins-values réalisées portant
sur des opérations non dénouées (non totalement réglées), sont neutralisé.
· Etant une opération patrimoniale qui n’entraîne aucun flux, la
réévaluation d’actifs doit être neutralisée.
· Le reclassement des primes de
remboursement des obligations consiste à diminuer le montant des emprunts
obligataires au passif de la valeur nette des primes de remboursement inscrites
à l’actif dans les immobilisations en non- valeurs.
· Les virements de compte à compte n’entraînent pas de flux et par
conséquent ne doivent pas être pris en considération. Le montant net des
immobilisations financières est déterminé en le diminuant des écarts de
réévaluation et de l’écart de conversion passif correspondant est augmenté de
l’écart de conversion actif.
Dans le financement permanent, l’emprunt obligataire
est pris net de la prime de remboursement, et les écarts de réévaluations doivent être
exclus des capitaux propres, afin de sauvegarder le principe de prudence.
La prise en compte de crédit-bail n’est pas prévue
par le PC Marocain
C’est la deuxième partie
du tableau de financement, est établi également pour deux exercices et
présente, en liste, les ressources et les emplois stables de l’exercice ;
sur lesquels vient s’imputer la variation du besoin de financement global (BFG),
calculée au niveau de la première partie, pour aboutir à la variation de la
trésorerie nette.
Ce tableau vise Ã
interpréter les variations trouvées dans le tableau de synthèse des masses du
bilan. Du fait que les deux premières masses ont analysées en terme de flux de
l’exercice ; les deux dernières apparaissent pour leurs variations nettes
globales.
Pour construire ce
tableau, il convient de préciser que:
· La base est l’analyse fonctionnelle du bilan, en ce sens qu’il faut
apporter à ce tableau les mêmes corrections que celles pour le bilan
fonctionnel ;
· Les virements de compte à compte ne doivent pas être retenus ;
· Les flux ne doivent pas être compensés, les augmentations et les
réductions doivent être analysées séparément.
TABLEAU DES EMPLOIS ET RESSOURCES
Exercise
|
Exercise precedent
|
|||
Emplois
|
Ressources
|
Emplois
|
Ressources
|
|
RESSOURCES STABLES (FLUX) DE L’EXERCICE
|
||||
AUTOFINANCEMENT (A)
|
X
|
X
|
||
Capacité
d’autofinancement
(-)Distribution des
bénéfices
|
||||
CESSION & REDUCTION
D’IMMOBILISATIONS (B)
|
X
|
X
|
||
· Cessions
d’immobilisations incorporelles
· Cessions
d’immobilisations corporelles
· Cessions
d’immobilisations Financières
· Récupération sur
créances immobilisées
|
||||
AUGMENTATION DES CAP PROPRES & ASSIMILES (C)
|
X
|
X
|
||
· Augmentation de capital,
apports.
· Subvention
d’investissement
|
||||
AUGMENTATION DES DETTES DE FINANCEMENT
|
X
|
X
|
||
TOTAL DES RESSOURCES
STABLES
|
X
|
X
|
||
EMPLOIS STABLES DE
L’EXERCICE
|
||||
ACQUISITION &
AUGMENTATION DES IMMOBILISATIONS
|
X
|
X
|
||
· Acquisitions
d’immobilisations incorporelles
· Acquisitions
d’immobilisations corporelles
· Acquisitions
d’immobilisations financières
· Augmentation des
créances immobilisées
|
||||
REMBOURSEMENT DES
CAPITAUX PROPRES
|
X
|
X
|
||
REMBOURSEMENT DES DETTES DE FINANCEMENT
|
X
|
X
|
||
EMPLOIS EN NON VALEUR
|
X
|
X
|
||
TOTAL EMPLOIS STABLES
|
X
|
X
|
||
VARIATION DE BESOIN DE FINANCEMENT GLOBAL
|
X
|
OU X
|
X
|
OU X
|
VARIATION DE LA
TRESORERIE
|
X
|
OU X
|
X
|
OU X
|
TOTAL GENERAL
|
X
|
X
|
X
|
X
|
Toutefois, certaines rubriques du tableau des
emplois et des ressources nécessitent des explications :
• Détermination de la CAF : elle peut être calculée par deux méthodes différentes : soit Ã
partir du résultat net, soit à partir de l’excédent brut d’exploitation (méthode soustractive ou additive).
Ainsi, le PCG Marocain n’inclut pas dans le calcul de la capacité
d’autofinancement les dotations de l’exercice relatives à l’actif et au passif
circulant ; il considère que les provisions sont justifiées donc elles ne
révèlent pas le caractère de réserve.
• Cessions ou réductions d’immobilisations : les cessions d’immobilisations sont enregistrées pour leurs prix de vente (« produits de cessions des immobilisations cédées » dans le CPC). Il ne faut pas donc inscrire au tableau des emplois et des ressources la valeur d’origine des immobilisations cédées. S’agissant des réductions d’immobilisations, elles concernent les prêts immobilisés ou les dépôts et cautionnement remboursés pendant l’exercice et l’information existe au niveau du tableau des immobilisations ;
• Augmentation des capitaux propres : seules les augmentations en numéraire par la souscription des actions ou parts sociales, ou la conversion des dettes en actions comme la conversion des obligations en actions, ainsi une augmentation par incorporation des réserves ne doivent pas être comprise ici car elle ne reflète pas un flux externe c’est un déplacement entre poste. Aussi que les augmentations en apports, qui reflète une neutralisation de flux au haut du bilan (une entrée des actifs accompagnée par une augmentation du passif).
• Cessions ou réductions d’immobilisations : les cessions d’immobilisations sont enregistrées pour leurs prix de vente (« produits de cessions des immobilisations cédées » dans le CPC). Il ne faut pas donc inscrire au tableau des emplois et des ressources la valeur d’origine des immobilisations cédées. S’agissant des réductions d’immobilisations, elles concernent les prêts immobilisés ou les dépôts et cautionnement remboursés pendant l’exercice et l’information existe au niveau du tableau des immobilisations ;
• Augmentation des capitaux propres : seules les augmentations en numéraire par la souscription des actions ou parts sociales, ou la conversion des dettes en actions comme la conversion des obligations en actions, ainsi une augmentation par incorporation des réserves ne doivent pas être comprise ici car elle ne reflète pas un flux externe c’est un déplacement entre poste. Aussi que les augmentations en apports, qui reflète une neutralisation de flux au haut du bilan (une entrée des actifs accompagnée par une augmentation du passif).
• Subventions
d’investissement : On doit retenir les
augmentations des capitaux propres assimilés (nouvelle subvention
d’investissement obtenue ou à obtenir par l’entreprise au cours de l’exercice) ;
• Augmentation des dettes de financement : Il s’agit des emprunts nouveaux contractés par l’entreprise au cours de l’exercice (compte tenu du retraitement des opérations de crédit-bail et déduction faite des primes de remboursement des obligations émises au cours de l’exercice). La faute qu’il faut éviter à ce niveau est de prendre cette évolution de la différence à partir du bilan fonctionnel.
• Distribution des dividendes : il s’agit des dividendes versés au cours de l’exercice provenant du résultat de l’exercice précédent.
• Augmentation des dettes de financement : Il s’agit des emprunts nouveaux contractés par l’entreprise au cours de l’exercice (compte tenu du retraitement des opérations de crédit-bail et déduction faite des primes de remboursement des obligations émises au cours de l’exercice). La faute qu’il faut éviter à ce niveau est de prendre cette évolution de la différence à partir du bilan fonctionnel.
• Distribution des dividendes : il s’agit des dividendes versés au cours de l’exercice provenant du résultat de l’exercice précédent.
•Acquisitions et augmentations d’immobilisations : Il s’agit essentiellement des nouvelles acquisitions
(y compris celles par crédit-bail), des productions immobilisées, des dépôts et
cautionnement et des prêts immobilisés accordés au cours de l’exercice. Il ne
faut pas prendre en compte les augmentations provenant de virements de poste (transferts
d’immobilisation en cours vers un poste d’immobilisations).
• Remboursement des capitaux propres : Il s’agit des prélèvements effectués par les
actionnaires sur les fonds propres de l’entreprise (cas assez rare dans la
réalité) ;
• Remboursement des dettes de financement : il correspond à la quittance des dettes contractées
à long terme, son montant figure parmi les diminutions dans le tableau des
dettes de financements.
Il faut noter que le règlement des concours bancaires n’est pas inclut par
le PCG marocain puisqu‘elles ne sont pas considérées comme ressources durables
; comme les considère le PCG Français.
•Emplois en non valeurs : sont des investissements réalisés dans l’exercice
par des éléments placés parmi les non valeurs, comme les compagnes
publicitaires ou une charge latente tel que la prime de remboursement.
Malgré que ce tableau présente un document d’analyse essentiel pour
l’entreprise et le gestionnaire, le tableau de financement du PCM contient des
insuffisances qu’il faut relever.
Le tableau de financement
permet de rapprocher les besoins financiers de l’entreprise (immobilisations et
BFR) aux ressources collectées pour les couvrir (autofinancement, capital,
endettement). L’ajustement se fait par la trésorerie.
Un tableau de financement
établi sur plusieurs années permet de caractériser :
La stratégie de croissance (ou de décroissance) interne (acquisitions
d’immobilisations corporelles et incorporelles) ou externe (acquisition
d’immobilisations financière) de l’entreprise ;
La stratégie de financement : financement interne ou externe
(augmentation de capital, recours à l’endettement) ;
La politique de dividendes en étudiant l’évolution des dividendes
distribués.
Le tableau de financement
préconisé par le Plan Comptable Marocain présente quelques imperfections à savoir:
Il n’opère aucune distinction entre Besoin de Financement d’exploitation
et celui hors exploitation, et ne permet pas, par conséquent, de juger de la
capacité de l’entreprise à dégager de la trésorerie par le seul fait de son
exploitation.
Il ne permet pas, non plus d’analyser le BFR pour déterminer
éventuellement le ou les éléments responsables de la détérioration de la
trésorerie ou à l’origine de son amélioration.
La présentation en deux partie ne facilite pas la mise en
évidence des mécanismes financiers et rend plutôt difficile la lisibilité du
tableau.
Le tableau de financement du Plan Comptable Marocain, qui aurait pu sortir
quelque peu des sentiers battus, en raison de son élaboration relativement
récente, ne nous semble pas avoir tiré parti des évolutions enregistrées, ces
dernières années, en matière d’analyse financière.
De même qu’il ne nous
semble pas, malgré les affirmations de ses auteurs, avoir suffisamment
marqué son arrimage aux normes internationales, en l’occurrence la
HH64Norme IAS n°7 qui précise, en autres que « dans tous les cas, les
variations des éléments de fonds de roulement, tels que les stocks et travaux
en cours, clients, fournisseurs et trésorerie, doivent être mentionnés »
dans le tableau de financement ; et que les emplois et ressources
provenant des opérations d’exploitation doivent être distingués des autres
emplois et ressources.
Face à ces
imperfections, des travaux récents ont permis l’élaboration de
cadres différents d’analyse des flux financiers qui s’intéressent, non pas aux
flux de fonds, mais aux flux de trésorerie effectivement dégagés par les
opérations de l’entreprise.
C’est pourquoi, nous
allons nous intéresser dans ce qui suit, aux caractéristiques de ces tableaux,
ainsi que leurs apports aux tableaux de financement et
les limitent qu’ils mettent en jeu.
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